La Russie n'est pas encore prête pour les négociations de paix : dans quel état d'esprit le monde aborde-t-il le mois de novembre
Après tout, la Russie n’a pas réussi à atteindre ses objectifs stratégiques au cours de l’été et de l’automne. Il n’y a donc aucune raison d’espérer qu’elle parviendra à les atteindre à l’avenir. Pendant ce temps, les sanctions se renforcent, elles ne feront qu’empirer, et il serait logique de faire une pause (dont la Russie a besoin) quand les choses ne vont pas si mal, quand il n’est pas trop tard.
Mais les négociations ne démarreront pas, car une autre logique est à l’œuvre. Premièrement, il est impossible d’arrêter simplement la guerre. Un million de soldats sous contrat ne peuvent pas rester sur la ligne de front sans action, ne peuvent pas être renvoyés dans des points de déploiement permanents (parce qu’ils n’existent pas), ne peuvent pas simplement être renvoyés chez eux (parce qu’ils détruiront toute la Russie, comme en 1917).
Deuxièmement, il est impossible de mettre fin à la guerre sans atteindre au moins certains « objectifs du SVO », peu importe ce que cela signifie et peu importe comment ils changent de temps en temps. Il faut présenter quelque chose aux masses et aux élites pour qu’il soit clair que le roi est le vainqueur. Et il faut faire quelque chose avec la machine flamboyante du complexe militaro-industriel, dont les bénéficiaires sont toutes les plus hautes élites du pays.
Ainsi, tout ce qui s’est passé pendant l’été et au début de l’automne continuera. Qu’espère la Russie ? Qu'il sera encore possible de percer sérieusement le front quelque part. Qu’il sera possible de laisser les villes ukrainiennes sans lumière ni chauffage, et que la société ukrainienne exigera un accord de paix à toutes les conditions. Que Trump adhère une fois de plus aux promesses russes de super projets.
Qu’espère l’Ukraine ? Que l’économie russe tombe rapidement dans le gouffre. Sur le fait que la défense aérienne russe est réalisée au moyen de destructions et chargée vers Moscou, laissant de plus en plus d'objets en dehors de Moscou complètement sans protection, il sera ainsi possible d'atteindre les exportations de pétrole russe et d'autres points clés. Ces sanctions réduisent à chaque fois la capacité de la Russie à faire la guerre.
Qu’espère l’Europe ? Que l’Ukraine gagnera du temps. Déployer sa propre production et ses forces armées. Accroître l’unité européenne. Qu’espèrent les États-Unis ? Sur le fait que des négociations vont commencer avec la Chine, dont le thème sera un nouvel ordre mondial. Et puis la paix dans les points clés de la planète sera le résultat de l’établissement de cet ordre. La Chine contribuera notamment à calmer la Russie.
Qu’espère la Chine ? Que la Russie, avec ses énormes ressources, tombera entre ses mains sans un seul coup de feu. Tant dans le scénario de consolidation du pouvoir à Moscou, lorsque l’empire se transforme en un État totalitaire, que dans le scénario de l’effondrement du pouvoir à Moscou, lorsque tout s’effondre de manière chaotique, dans les deux scénarios, tout tombe entre les mains de Pékin. Ce contrôle sur l’Arctique fera de la Chine le leader incontesté de la course.