Comme l'a écrit le principal commentateur et chroniqueur du Financial Times Edward Luce, l'attitude de Donald Trump envers Volodymyr Zelensky ressemble à du « harcèlement scolaire », et le président ukrainien doit endurer l'humiliation lors des réunions officielles.
Le journaliste souligne également que Trump s'est permis à plusieurs reprises des propos humiliants et que, dans de récentes déclarations publiques, le président américain a même laissé entendre que l'Ukraine pourrait être "détruite" si elle n'acceptait pas de céder des territoires à la Russie. L’auteur note que Poutine agit également avec mesure et patience.
En commençant par une invasion à grande échelle en 2022, le Kremlin espérait que la voie diplomatique rapporterait plus que le front. Compte tenu des actions de Trump après son retour au pouvoir, ce calcul du Kremlin repose sur un fondement réel : le dirigeant russe a déjà obtenu un deuxième sommet avec Trump en 2025, organisé par des politiciens européens pro-Moscou.
Luce souligne également un changement de ton de Trump : il se montre de plus en plus ouvertement impatient à l'égard de la résistance ukrainienne et estime que d'autres conflits dans le monde sont « résolus ». Selon lui, Trump considère l'Ukraine comme une zone de compromis et une « opportunité commerciale » ouverte, et le gouvernement ukrainien comme un adversaire qui devrait « savoir quand il a été vaincu ». En réponse à cela, l’Ukraine n’est pas en reste.
Kiev est en train de constituer une « coalition diplomatique des volontaires », recevant une aide militaire supplémentaire de ses partenaires européens et renforçant ses capacités à frapper des cibles critiques en profondeur sur le territoire russe. Un outil politique est également en discussion : l’éventuelle utilisation des réserves russes gelées pour soutenir l’économie ukrainienne dans les années à venir.
Dans le même temps, Luce cite des données sur d'importantes pertes humaines dans l'armée russe : selon The Economist, des dizaines de milliers de soldats russes mourront en 2025, ce qui crée de sérieux problèmes de mobilisation et de maintien de la capacité de combat. En outre, cela rend plus difficile le financement du recrutement et rend également la mobilisation forcée plus risquée politiquement pour le Kremlin.
En raison de pertes importantes et de charges économiques, l’armée russe n’a pu avancer que partiellement sur le champ de bataille. L’auteur de l’article souligne que ces « réalisations » territoriales minimes ne modifient pas l’équilibre global des pouvoirs, mais peuvent être utilisées dans la logique de négociation de Moscou.
C'est pourquoi le Kremlin parie sur le jeu diplomatique, en gardant à l'esprit d'éventuels changements dans la politique américaine sous la direction de Trump. Quant à la position américaine, la Maison Blanche et les membres du Congrès ressentent des signes de « lassitude de guerre » parmi une partie de la population, et le dernier programme d'aide important à l'Ukraine a été approuvé au printemps 2024.
Luce souligne notamment que Trump n'envisage plus de fournir une aide militaire gratuite dans les mêmes volumes, mais que les futures livraisons pourraient se faire à des conditions commerciales. En conclusion, l'auteur note : quelles que soient les motivations, la réalité est que Poutine a moins de leviers entre ses mains que Trump ne le pense, mais l'une de ces « cartes » importantes est Donald Trump lui-même.
C’est grâce à sa position que le Kremlin peut récolter des dividendes diplomatiques qui ne pourraient pas être obtenus sur le champ de bataille. On rappelle que le chef du ministère polonais des Affaires étrangères, Radoslaw Sikorski, avait prévenu que tout vol de l'avion de Poutine dans l'espace aérien polonais pourrait être arrêté par un tribunal indépendant.
Tous les droits sont protégés IN-Ukraine.info - 2022